Endophyllum sempervivi – La rouille de la Joubarbe -Parasite ou symbiote?
Comme son l'indique, ce champignon se développe a l'intérieur des feuilles de Joubarbes. Dans le genre Endophyllum, il y a beaucoup d'especes parasites, chacune avec un hôte précis. Il appartient a la famille des Pucciniaceae (Basidiomycetes), dans laquelle on trouve les rouilles les plus communes (par exemple les rouilles du blé et autres céréales). E. sempervivi est inféodé aux seules Joubarbes. Sa biologie n'est pas bien connue mais présente un grand intéret.
"Rouille" non identifiée sur Joubarbe. Bohinj, Septembre.
Apres l'infection, les dommages ne sont pas immédiatement visibles. Les feuilles infectées commencent alors a pousser pour atteindre une taille énorme, jusqu'a 4 fois la normale. Le phénomene peut etre expliqué par une modification de la concentration des enzymes de croissance (auxines, cytokinines). Les auxines peuvent induire la croissance foliaire, mais seulement jusqu'a leur taille prédéfinie. Des expériences ont montrées qu'apres l'induction par les cytokinines, les feuilles pouvaient pousser au-dela de cette taille définie. Les feuilles infectées et allongées vivent assez longtemps pour subvenir au besoins nutritionnels du champignon. Cette rouille ne tue pas son hôte. A la fin du cycle de croissance, des spores brun-jaune sont observables sur les deux faces foliaires.
Forme de joubarbe aux feuilles géantes. Bohinj, Juillet.
De nombreuses plantes ont un aspect similaire, mais personne ne semble les étudier. Il existe aussi une "rouille" non identifiée aux spores noires a aspect de suie qu'il serait de grand intéret d'étudier.
Une forme "en flame" – Un autre phénomene inexpliqué
Ici et la; dans la nature comme en culture, on peut rencontrer des rosettes qui sont extremement asymétriques. Les feuilles du côté nord de la plante sont plus longues et érigées, la plante semble se tourner vers le soleil. Cependant, ce phénomene n'est pas permanent et ses raisons et conséquences n'ont pas été étudiées.
Une forme "en flamme". Smokus"ki vrh, Juillet.
Perspectives pour le prochain millénaire
Nous avons la chance d'habiter dans un pays constituant la limite d'aire de plusieurs Joubarbes. En Slovénie se trouvent la limite SE de S. tectorum, la limite sud de S. wulfenii et celle de J. globifera. Les populations d'especes en limite d'aire sont toujours différentes de l'ensemble général, ainsi quelques formes nouvelles pourraient etre mises en évidence. Nous pourrions aussi découvrir quelques autres especes sur ce territoire qui a été négligé (par exemple : S. marmoreum forma dinaricum, S. montanum subsp. montanum, S. montanum subsp. stiriacum). Meme si aucune nouvelle forme n'est trouvée ou reconnue, de nouvelles études de terrain consacrées aux Joubarbes feront progresser la connaissance de ce genre intéressant. La distribution précise de ces plantes dans notre pays est insuffisamment connue a ce jour. Les Joubarbes sont de belles plantes poussant dans de beaux endroits ! L'utilisation de ces plantes pourrait également avoir un grand avenir dans la filiere alimentaire. Elles pourraient etre utilisées comme additif naturel pour prévenir l'altération des aliments. Il y a de nombreuses substances encore a découvrir pour l'usage médicinal, et les Joubarbes ont assurément a etre étudiées dans cette région.